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Section 4 : Resultats de l'Etude

Dans cette section, il sera question d’analyser les principaux résultats auxquels l’étude faite sur la base de certains éléments d’analyse a été conduite. Mais avant, un premier point sera consacré aux caractéristiques de ceux qui ont été interviewés à l’effet de mieux appréhender ce travail.

I : Caractéristiques des participants

Les données de cette étude proviennent des expériences des personnes handicapées. Le travail de terrain a porté sur des entretiens avec des personnes handicapées9 qui ont eu lieu dans leur milieu de vie habituel. A ce titre, cent (100) entretiens ont été conduits dans trois (3) sites et quatre-vingt seize (96) ont été exploités pour les analyses qui suivent10. Ces interviews ont toutes été enregistrées sur support cassettes. Immédiatement après cette phase de collecte des données, l’équipe chargée de conduire cette étude a procédé à la transcription des informations contenues dans les cassettes et a fait des notes.

Note #9
Ces personnes étaient des handicapés toutes catégories confondues, exception faite des malades mentaux. Ils étaient hommes ou femmes, instruits ou illettrés. En tout état de cause, ce rapport permettra de mieux le percevoir.
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Note #10
Nous n’avons pas tenu compte des données de 04 entretiens recueillis dans cette étude parce que les informations qu’ils contenaient n’étaient pas appropriées pour les analyses de ce travail.
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Il faut au paravent dire que les sites de recherche retenus pour cette étude par l’équipe de coordination à savoir les provinces du Centre, du Nord ouest et l’Ouest reflètent une diversité remarquable au niveau des groupes éthiques qui sont homogènes ou hétérogènes avec des populations ayant des niveaux de vie et d’éducation tout aussi diversifiés. A cause des difficultés à obtenir un échantillon représentatif des populations de personnes handicapées, nous avons utilisé une approche utilitaire qui a consisté à recruter nos interlocuteurs en tenant compte de la diversité des handicaps dans la population camerounaise, de la situation géographique des sites, de l’âge et du sexe des personnes interviewées. Les équipes chargées des interviews ont passé approximativement 20 jours sur chaque site de collecte des données et ont interviewé :

  • pour la province du centre, Yaoundé, 48 personnes handicapées ;
  • pour la province de l’ouest, Bafoussam, 35 personnes handicapées et ;
  • pour la province du nord ouest, Bamenda, 17 personnes handicapées.

La différence qu’on observe dans le nombre des personnes handicapées interviewées dans les trois sites que sont Yaoundé, Bafoussam et Bamenda, tient davantage au fait que les travaux préparatoires à la recherche ont eu lieu à Yaoundé. En plus, la plupart des personnes impliquées dans cette étude, résidaient à Yaoundé en qualité d’étudiants y compris le Leading researcher qui y travaille. Compte tenu des contraintes des examens pour ces étudiants, il a fallu qu’ils conduisent leurs entretiens dans la ville de Yaoundé et ses environs. Pour les mêmes raisons, certains ont été appelés à enquêter à Bafoussam qui est encore plus proche de Yaoundé que Bamenda.

Il faut aussi dire qu’au regard du fait que la ville de Bamenda est essentiellement anglophone et au vue du nombre limité d’enquêteurs ayant une bonne maîtrise de l’anglais dans l’équipe de travail et compte tenu de son éloignement de Yaoundé, il a fallu envoyer peu de personnes sur ce site, pour un nombre aussi réduit des interviews. Mais nous l’avons dit plus haut, cette étude aurait à notre avis pu être menée indifféremment sur chacun des sites sans que fondamentalement, rien de grand ne change dans les résultats auxquels nous sommes aujourd’hui parvenus.

Les résultats ci-dessous présentés sont basés sur les 96 interviews validés parmi les 100 entretiens conduits avec des adultes ayant des niveaux de handicaps différents et vivant dans les trois sites de la recherche. Le tableau 1 ci-après fait le résumé des données démographiques liées à la population de cette étude.

Tableau 1: Données démographiques liées à la population de l’étude
Hommes Femmes
51 45
Tableau 1b: Age des participants
Moins de 26 ans 26-40 ans 41-55 ans 56-70 ans Plus de 70 ans
18 49 14 12 3
Tableau 1c: Type de handicap
Handicapés moteurs Aveugles et mal voyants Sourds Albinos
45 36 4 11

Du fait du manque de données statistiques sur la population des personnes handicapés au Cameroun, et en tenant compte de l’échantillonnage de l’étude qui est relativement petite, l’approche d’analyse des données qui tient compte de la probabilité par rapport à la population n’a pas été retenue. A contrario, l’équipe de recherche s’est appuyée sur l’approche d’analyse des données basée sur le but de la recherche.

Sur la base des trois critères démographiques ci-dessus décrits à savoir le genre, l’âge et le type du handicap, l’équipe a utilisé une approche empirique pour la sélection et le recrutement des participants. Toutefois du fait de l’échantillonnage qui n’est pas assez représentatif pour certaines catégories de personnes handicapées sur l’ensemble des sites visités, l’équipe a eu quelques difficultés à atteindre la population cible sur le terrain. Mais en réalité, cet échantillonnage était assez significatif en terme de genre et de situation géographique. Il présente de nombreuses disparités en relation avec l’âge et les types de handicaps. La majorité des interlocuteurs de cette étude sont comprises dans la tranche d’age des moins de 26 ans et entre celle qui part de 26-40 ans. Il s’agit essentiellement des aveugles, des sourds et des handicapés moteurs. Par conséquence, les personnes de plus de 41 ans, aussi bien que des personnes présentant des handicaps intellectuel, psychiatrique, et bien d’autres sont rares ou même non représentées dans cette étude.

Cette conclusion a des implications sur l’analyse des données et affecte par conséquent la possibilité de faire des comparaisons de groupe et plus précisément, elle porte un coup à l’opportunité de faire la comparaison par catégories de handicaps. Malgré cette limite, les données recueillies dans cette recherche portent pour la première fois sur les questions de droits de l’homme en rapport avec les populations handicapées au Cameroun. Ils mettent un accent sur des aspects intéressants qui seront abordés dans les développements qui suivent.

II. Analyse des données

Sur la base des éléments d’analyse suivants, les données de cette étude ont été analysées. Il s’agit de : barrières expérimentées, abus et Violence, attitudes discriminatoires, accessibilité limité, eexpériences de vie positives, accès aux principes des droits humains, respect de la différence, réponses aux abus et à la discrimination et causes systémiques de la discrimination.

Comparativement à l’étude précédemment entreprise au Kenya, les éléments d’analyse utilisés pour cette recherche au Cameroun ont été plus importants en nombre.

A: Barrières expérimentées

En général, les analyses faites relèvent que la vie des personnes handicapées au Cameroun est marquée par des expériences de discrimination, de préjudice et d’inégalité.
Les tableaux 2 à 4 font un résumé des différentes barrières émergeant de cette étude et résultant des expériences des personnes handicapées au Cameroun. Les résultats obtenus indiquent que les personnes handicapées sont confrontées à des barrières qui portent sur des attitudes discriminatoires, des abus et sur la violence.

Il y a aussi la question de l’accessibilité des personnes handicapées à certains services et facilités qui conduit à la ségrégation, à l'exclusion dans le contexte familial, au travail, à l’école et dans la société ou le handicap est communément perçu comme un fardeau et une honte.

B: Abus et Violence

Les abus et la violence dans cette étude renvoient à des situations d’abus et de violence que l’interviewé en sa qualité de personnes vivant avec un handicap, ou une personne vivant avec un handicap connu de l’interviewé a expérimenté. Le tableau 2 qui suit présente les résultats de cette étude liés aux abus et à la violence.

Tableau 2 Abus et violence
Variables Sources Codées 11 Pourcentages12
Abus et violence expérimentés dans le contexte familial 4 4.2
Abus et violence expérimentés dans les relations avec les autorités publiques 1 1.0
Abus et violence expérimentés à l’école 3 3.1
Abus et violence expérimentés dans la communauté, dans la société 17 17.7
Abus et violence expérimentés dans le milieu professionnel 2 2.1
Note #11
Sources codées représente le nombre des interviewés qui ont relevé avoir expérimenté une barrière particulière ou une violation de leurs droits humains.
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Note #12
Pourcentages représente la proportion des interviewés qui ont reporté avoir expérimenté une barrière particulière ou une violation de leurs droits humains.
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Ces résultats indiquent que pour la majorité des personnes handicapées (approximativement 18 %), les situations d’abus et de violence arrivent en communauté et en société. Les aveugles et les mal voyants par exemple ont relevés dans cette étude que pour se rassurer de leur handicap, des personnes les ont par moment mis à l’épreuve. Un a témoigné que :

…Il y a un homme d'affaire de la place qui voulait nous aider. Le moment où il voulait me donner de l'argent, après ce qu'on m'a dit il déplaçait l'agent de gauche à droit. Peut-être pour voir si je suis effectivement aveugle.

Comme dans les réactions qui suivent, les interviewés aveugles ont parfois reporté qu’ils sont souvent trompés quand ils font des courses sur la qualité des articles qu’on leur vend et sur la différence qui leur est remise après un achat. Ceci peut s’expliquer par le fait que la société est consciente du fait qu’ils ne voient pas et du fait qu’ils ne sauront par conséquent pas s’ils ont ou non été trompés.

…Parfois, quand je pars au marché pour acheter les marchandises, si je ne fais pas attention on me fait mal. Donc, je demande toujours qu'on me fasse toucher ce que j'achète pour que je sois sûr de ce que j'achète…

…Il y a un homme à qui j'ai donné de l'argent pour m'aider à acheter certaines choses pour mes besoins quotidiennes. Par exemple, ce qu'on vends à 200 Fcfa, il me dit que le prix s'est 500 Fcfa. Il ne m'a donc pas remboursé parce que l'argent était fini…

Certaines personnes handicapées moteurs ont reporté que non seulement les personnes conduisant des véhicules de services publics les ignorent délibérément en chemin, mais également, ils les maltraitent tel qu’il ressort de ce témoignage suivant :

…I tried to board a cab, when the driver noticed that I will cause delay, he drove away suddenly…

Certaines personnes handicapées moteurs ont reporté que non seulement les personnes conduisant des véhicules de services publics les ignorent délibérément en chemin, mais également, ils les maltraitent tel qu’il ressort de ce témoignage suivant :

Dans les lieux de travail, les personnes handicapées ont également été exposées à des situations de violation de leurs droits, d’abus et de discriminations. Plus de 2 % des interlocuteurs ont relevé qu’ils ont été victimes des situations d’abus et de violence dans des lieux de travail. Beaucoup se sont plaint du système de deux poids, deux mesures qui prévaut dans les traitements du personnel dans certaines structures, et surtout en ce qui concerne les salaires. Ils dénoncent le fait qu’ils subissent souvent des réductions de salaires parce que les employeurs évoquent de supposées charges supplémentaires pour l’entreprise du fait de leur présence. Cette question de mauvais traitement des personnes handicapées dans les lieux de travail est indifférente de la nature ou de la qualité du travail qu’ils effectuent. Certains ont aussi relevé le fait qu’ils leur est refusé le droit à un congé annuel. Un interviewé a par exemple relevé que :

…Je suis secrétaire et je travaille comme secrétaire (après avoir faire la demande) à un collège de la place. Je ne me sens pas à l'aise ici au lieu du travail, parce que depuis que je travaille, il n'y a des congés pour moi. On ne m'a jamais donné l'assistance pour l'argent du taxi et l'augmentation de mon salaire, pourtant j'ai fais les demandes.

Un interviewé a rapporté sur les expériences des abus et discriminations dans leurs relations avec les pouvoirs publics. Cette personne a expliqué combien il est difficile pour une personne handicapée de rencontrer une autorité administrative à l’effet de poser un problème. Certains dissent avoir été chassés des édifices publics et d’autres insistent sur le fait que des réponses n’ont jamais été données à leur demande.
Les personnes handicapées ont également dénoncé les expériences d’abus et de violence en milieu scolaire. Plus de 3 % des interviewés ont relevé avoir été victimes des abus relevant de cette catégorie. Ce faible pourcentage peut s’analyser en une relative bonne coopération entre les personnes handicapées et leurs camarades de classe valides. Ceci pourrait aussi s’expliquer par le fait que très peu de personnes handicapées sont scolarisées.En outre, la législation camerounaise a exempté les personnes handicapées du paiement des frais de scolarité de façon à les encourager à aller à l’école.

Toutefois, certaines personnes handicapées sont sujettes à de sérieux abus en milieux scolaires. Ils sont par exemple insultés et tenus en isolement. Un élève (albinos) qui ne pouvait pas voir au tableau noir parce qu’il se trouvait à la dernière table, s’est vu refuser la possibilité de s’asseoir devant par son maître d’école.

Certains élèves aveugles se sont plaints du fait que leur maître ne prenait pas leur condition en compte dans son travail. Au delà, les aveugles sont encore au Cameroun confrontés à des problèmes de transcription pendant les examens.

Des données de terrain recueillies dans cette étude, certaines personnes handicapées ont dénoncé des abus subis par d’autres connaissances handicapées. Ces cas ont porté sur des mauvais traitements en famille, au travail, à l’école et dans la société en général. Dans certaines familles par exemple, les enfants handicapés sont négligés. Ils sont enfermés dans des chambres. Ils ne sont pas inscrits à l’école ni conduit à l’hôpital en cas de maladie. Quelque fois encore, les visites leur sont interdites.

Plusieurs personnes interviewées dans cette étude ont avoué avoir souffert physiquement et psychologiquement sans qu’aucune assistance ou soutien ne leur soit apporté.

C: Attitudes discriminatoires

Dans cette étude, les attitudes discriminatoires renvoient aux perceptions, aux images et attitudes qui poussent à l’isolement et à l’exclusion des personnes handicapées. Le tableau 3 suivant présente les résultats de la recherche relatifs aux attitudes discriminatoires.

Context

Tableau 3 Attitudes discriminatoires
Variables Sources Codées Pourcentage
Attitudes discriminatoires en famille 9 9.4
Attitudes discriminatoires des autorités administratives 7 7.3
Attitudes discriminatoires à l’école 10 10.4
Attitudes discriminatoires en société 28 29.2
Attitudes discriminatoires en milieu professionnel 6 6.3

Les résultats du tableau 3 montrent que plus de 29 % des personnes interviewées ont été confrontées à des perceptions négatives, comprenant des images et des attitudes conduisant à l’isolement et à la discrimination contre les personnes handicapées dans leur communauté et dans la société. La prévalence de ces perceptions et attitudes négatives vis à vis des personnes handicapées affecte leur confiance en soi. Elles sont exposées à ces mauvais traitements quand elles se servent des facilités publiques à l’instar des transports publics. Un interlocuteur par les termes ci-après explique comment il a été traité dans un véhicule de transport public :

…Un jour j'ai pris le taxi pour la maison. Etant dans le taxi les autres clients ont demandés au chauffeur pourquoi il a porté l'aveugle? Ils disaient que les aveugles perturbent beaucoup et que je vais perdre leur temps. Ils ont dis au chauffeur qu'ils vont descendre du taxi s'il me porte…

Les bases d’une vie en commun, d’une vie d’amour fraternelle sont tronquées parce que la communauté place la personne handicapée dans une situation d’infériorité. Certaines personnes ont honte de marcher, d’être vu en compagnie ou d’être ami des personnes handicapées tel qu’il ressort du témoignage ci-après :

I attended a funeral three years ago and was sitting nearby someone, the person asked me to sit away from him…

Très souvent, les personnes handicapées sont perçues dans la société comme étant un fardeau pour la société. Dans certaines communautés au Cameroun, le handicap est considéré comme une malédiction. Pour les personnes superstitieuses, c’est un phénomène héréditaire qui peut être transmis de parent à enfant. Dans d’autres communautés, les personnes handicapées sont en tant que citoyens, reléguées au second plan.

Plus de 9 % de personnes vivant avec un handicap ont aussi été confrontées à des situations de discrimination dans leur famille tout simplement parce qu’elles n’avaient pas la faculté de participer au même titre que les valides aux activités de la famille. Plusieurs parmi ceux qui ont été interrogés ont subit des oppressions et ont été exposés à des remarques négatives dans leurs familles exprimées en termes qui font des personnes handicapées des bons à rien, des sans avenir, des maudits etc…. Un Monsieur l’a relaté en ces termes :

…A cause du fait que je suis handicapée et ma femme handicapée, ma famille n'envoie plus les gens habiter avec nous. Ils disent que nous ne pouvons pas nous occuper des gens.

Un autre a dit ce qui suit :

Il y avait une manifestation familiale. Je suis allée là-bas. Etant là-bas, on m'a donne une veille latte pour que je m'assoie à l'écarte et que je ne dois pas participer à la manifestation…

Plus de 6 % des personnes interrogées ont subi des discriminations dans leurs lieux de travail. Un des interlocuteurs s’est résumé en ces termes :

...The most serious challenge we face at work is discrimination. Interactions become difficult since we are always seen as misfits. We face a lot of rejection…

Plus de 7 % des personnes interrogées ont subi des discriminations face aux autorités publiques. Dans la plus part de cas, ils sont confrontés à des situations de rejet indirect. Par exemple, un responsable s’arrangera toujours à faire dire à la personne handicapée à travers sa secrétaire qu’il n’est pas en poste. Ceci se produit dans le cas des autorités qui ont dans la conscience qu’une personne handicapée est toujours en quête d’une aide financière quelque part. Ce préjugé a été expérimenté par certaines personnes handicapées face à des secrétaires tel qu’il ressort de cet entretien :

...when we went to meet the government Delegate of the council of this constituency, to discuss about the future of people with disabilities. Knowing that we are visually impaired, he decided to communicate to another person that he is not ready to receive us. He knew that with our visual disability we could not see him, but we overheard him and detected his voice…

Il faut noter que la majorité de personnes interrogées dans cette étude c’est plaint des longues procédures que connaissait le traitement de leurs dossiers dans les services publics. Dans ces conditions, elles relèvent qu’elles se sentent un peu frustrées par l’Etat surtout que la personne valide dans la même condition est traitée avec plus de diligence par les agents publics.

A l’école, au moins 10 % des élèves handicaps sont maltraités et tenus en isolement par leurs enseignants et camarades de classe. Tout se passe comme s’ils sont moins importants que les autres. Certains enseignants se doutent de la capacité des élèves handicapés à avoir les mêmes performances que les élèves valides. Ce préjuge est davantage renforcé quand il s’agit des élèves aveugles et albinos car, leurs conditions ne sont pas prises en compte dans les méthodes de travail des enseignants qui ignorent complètement leur présence.

D: Accessibilité limitée

Un autre type de barrière à laquelle sont confrontées les personnes handicapées dans cette étude est le fait qu’elles n’ont pas toujours accès aux mêmes facilités que les autres. Les données de terrain concernant cet aspect sont présentées dans le tableau 4 suivant.

Tableau 4 Accessibilité limitée
Variables Sources Codées Pourcentage
Barrières et obstacles dans la communication avec les autres 5 5.2
Barrières et obstacles dans l’accès à l’éducation 3 3.1
Barrières et obstacles dans l’accès aux services et aux autorités publics 1 1.0
Barrières et obstacles dans l’accès à l’environnement physique (y compris dans le domaine des transports) 6 6.3
Barrières et obstacles dans l’accès au travail 4 4.2
Pauvreté 5 5.2

Ces résultats montrent que la pauvreté et les problèmes économiques constituent des obstacles dans plus de 5 % des réponses enregistrées.

Ces résultats indiquent aussi que plus de 3 % des personnes interrogées ont eu des problèmes à accéder à l’éducation. Sur la base de leur handicap, plusieurs ont eu des difficultés à être admis dans des établissements d’enseignement secondaire de leur choix.

Une large proportion de personnes handicapées reste sous scolarisée parce que les familles considèrent que les envoyer à l’école constitue une dépense non productive, une perte de temps et d’énergie. Dans d’autres cas, la famille n’a pas osé les envoyer à l’école parce qu’elle vit dans la pauvreté. Quelque fois encore, c’est le responsable d’un établissement scolaire qui refuse d’admettre la personne handicapée dans son institution. Cette expérience relatée par un jeune interviewé a été vécue par plusieurs :

…Quand je voulais m'inscrire pour le niveau maîtrise, il était question de remplir les fiches et voire un enseignant pour qu'il écrive nos noms. Mon camarade (qui est aussi non voyant) et moi somme allés voire un de nos enseignant qui nous a enseigné depuis les niveaux 2 et 3. Il a carrément refusé d'écrire nos noms. Il nous a dit qu'il ne veut pas être gêné en classe parce que le cycle maîtrise est un cycle difficile et ça demande beaucoup de mobilité. Donc, avoir sur ses mains les non voyants, ça va lui créer des problèmes.

Plus de 4 % des interviewés ont relève l’existence des barrières et des obstacles liés à l’accès au travail. Les employeurs refusent très souvent de les recruter sur la simple considération que les personnes handicapées ne pourront pas fournir les mêmes performances que les autres. Leur mobilité pour les besoins de l’entreprise sera réduite. Un interviewé a affirmé que :

After my computer training, I sought for a job in one organisation. We were short listed for interview. So, when we were for interview, I performed best. But, the employer told one he will have to employ second persons to clean up the surroundings, if he employs me, because of my disability. For this reason I wasn't employed because of my disability.

Les personnes aveugles, sourds et handicapées moteurs ont des difficultés sérieuses dans le domaine de la communication et du transport. Les résultats de cette étude indiquent qu’au moins 5 % des interviewés ont rencontré ces difficultés. Toutefois, les barrières d’ordre communicationnel sont plus poussées chez les aveugles. Les informations en braille n’existent pas.

Un interviewé a dit vivre des barrières et des obstacles dans les secteurs où on est supposé apporter de l’assistance à la personne handicapée. Les services publics et les autorités qui les animent ne leur facilitent pas toujours la tâche. Les barrières et les obstacles les plus patents pour la personne handicapée au Cameroun concernent l’accès à l’environnement physique y compris les hôpitaux, les institutions et transport publics. Plus de 6 % des données indiquent que l’accès à l’environnement physique est une des causes majeures de discrimination vécues au quotidien par les personnes handicapées. L’accès aux transports publics par exemple est une cause de retard au travail ou à certaines activités chez le handicapé moteur et l’aveugle.

Plusieurs transporteurs publics ne souhaitent pas perdre du temps à attendre voir une personne handicapée s’installer dans leur véhicule. Les aveugles et les handicapés moteurs ont également des problèmes à accéder aux immeubles dépourvus d’ascenseur. Les escaliers leur ont souvent posé beaucoup de problèmes.

Dans la plus part des cas (plus de 70 %), les différentes barrières expérimentées par les personnes handicapées qu’elles portent sur les attitudes discriminatoires, les perceptions négatives, les abus et la violence ou la question de l’accessibilité limitée, n’ont pas été des cas isolées. Ces barrières ont plus d’une fois été expérimentées dans la vie de chaque interviewés.

E: Expériences de vie positives

Malgré les expériences négatives relatées par les interviewés, à certaines occasions, ils ont été traités positivement. Ces expériences positives ont eu lieu à l’école, dans la famille aussi bien que dans le contexte social que de travail. Ces expériences positives ont également été expérimentées en relation avec la religion et avec quelques autorités publiques. Les résultats y afférents sont présentés dans le tableau 5 ci après.

Tableau 5 Expériences positives
Variables Sources Codées Pourcentage
Expériences de vie positives dans le contexte scolaires 12 12.5
Expériences de vie positives dans le contexte familial 23 24.0
Expériences de vie positives dans les rapports avec les pouvoirs publics 9 9.4
Expériences de vie positives dans le contexte social et communautaire 36 37.5
Expériences de vie positives dans le contexte religieux 3 3.1
Expériences de vie positives dans le contexte professionnel 31 32.3

Il peut être déduit du tableau 5 que la plus part des expériences de vie positives sont enregistrées dans la communauté, en société (37.5 %), au travail (32.3 %), en famille (24.0 %) et à l’école (12.5 %). Ces expériences positives ont trait à la bonne interaction en communauté et à l’attention qui est quelque fois accordée à la personne handicapée comme dans le cas suivant :

A l'hôpital, on m'accueille en préférence puisque dès que j'arrive on me montre là où je peux m'asseoir alors qu'il y'a des valides qui sont débout. Parfois je ne respecte pas le rang puisque quand j'arrive certains infirmiers me disent seulement que je vienne pour être servi.

Ces expériences positives portent aussi sur l’aide et sur la collaboration que les personnes handicapées reçoivent des collègues en milieu professionnel. A titre d’illustration, un handicapé moteur travaillant avec le Ministère de l’Education de Base a rapporté que :

J'ai une vie avec une satisfaction presque continuelle parce que je suis conscient de ce que j'ai et de ce que je n'ai pas. Ma satisfaction est donc d'ordre spirituel et moral. Depuis que je suis rentré au service de budget, j'ai trouvé des collaborateurs qui m'acceptent; parce que nous vivons une ambiance bonifiant.

Ces expériences positives renvoient également sur le fait d’être pleinement impliqué dans la prise de décisions et dans la conduite des activités au niveau familial ou au fait d’être assisté par un camarade de classe. Certains camarades des aveugles notamment se donnent de la peine à relire pour eux ce qui a été écrit au tableau. D’autres se chargent de porter au quotidien les sacs de classe des camarades handicapés moteurs.

Une infirme partie des interviewés a reconnu avoir été positivement traitée par les autorités administratives et religieuses.

Pour ce qui est des autorités administratives, il a été relève que certains travailleurs sociaux du Ministère des Affaires Sociales traitent les personnes handicapées avec beaucoup d’attention. Il arrive même qu’ils sensibilisent leurs collègues encore à la traîne, sur les bonnes attitudes qu’ils doivent avoir face à la personne handicapée. Pour ce qui est du milieu religieux, il est rapporté qu’une malvoyante a été désignée pour lire des versets bibliques lors des cultes dans une église de yaoundé.

F: Accès aux principes des droits humains

L’un des objectifs majeurs de cette étude est d’avoir une vue générale de la situation des violations des droits humains des personnes handicapées au Cameroun. Plutôt que de s’appesantir sur les besoins des personnes handicapées comme dans les études antérieures, cette étude a été commanditée pour comprendre le niveau de jouissance de leurs droits fondamentaux par ces personnes au Cameroun.

Bien que nous ayons relevé l’existence des expériences de vie positives pour les personnes handicapées dans cette étude, les interviewés dans leur diversité ont rapporté avoir vécu tout au long de leur existence, des violations récurrentes des leurs droits fondamentaux entant que personnes handicapées. Les résultats liés à la violation des droits fondamentaux des personnes handicapées sont contenus dans les tableaux 6 à 10. Ces Violations ont eu lieu dans des contextes différents : en famille, à l’école, au travail, en communauté/société et dans les relations avec les pouvoirs publics.

Tel que présenté dans la section antérieure, les barrières que les personnes handicapées rencontrent dans leur vie de tous les jours ont trait aux attitudes discriminatoires, aux abus émotionnels et physiques, à l’accessibilité limitée dans diverses circonstances. Ces barrières mènent à la violation des droits humains des personnes handicapées.

Par l‘analyse de quatre principes fondamentaux des droits de l’homme à savoir la dignité (perception de l’éminence d’un individu), l’autonomie (habilité à faire le choix et à prendre des décisions sur des situations affectant une vie), égalité (respect des différences en matière du handicap, tenir compte des désavantages être capable de participer pleinement en parfaite égalité) et l’inclusion (être reconnu et valorisée en tant que plein participant et prise en compte intégrale des besoins sociaux et économiques), nous avons voulu comprendre comment ces barrières et obstacles ci-dessus présentées affectent les droits humains des personnes handicapées. Nous avons aussi exploré la perception des interviewés quant à la façon avec laquelle le handicap est traité et vu dans la société camerounaise en relation avec les autres disparités sociales telles que celles en rapport avec l’ethnicité et le genre.

F.1 : Dignité

Comme un principe de droits humain, la dignité renvoie à l’impact des expériences de vie particulières d’un être humain quant à la perception de son éminence. Les résultats y afferents sont présentés dans le tableau 6.

Tableau 6 Dignité
Variables Sources Codées Pourcentage
Expression positive de la dignité par les interviewés 18 18.6
Expression négative de la dignité par les interviewés 70 73.0

73 % des personnes handicapées dans cette étude ont rapporté qu’elles ont une expérience de vie négative quant à la dignité accordée à l’être humain. Ceci est pour elles dû au fait que la société a une perception négative des personnes handicapées. Ces personnes disent qu’elles se sentent ignorées, rejetées, non respectées par les individus et les autorités. Un aveugle étudiant a dans cet ordre d’idées relaté ce qu’il a vécu sur la base de son handicap :

Au lycée Bilingue, j'étais candidat à la coopérative. J'avais les gens qui pouvaient bien me voter. Mais quelque temps après, ils se sont dis que, qu'est-ce qu'un aveugle peut faire à la coopératif comme président.

In the same light another respondent with mobility impairment reported:

I searched for a job and was granted an interview opportunity. I attended the interview and the employer noticed that I had a physical disability and things could therefore not work out the way I desired.

Dans certaines familles, les personnes handicapées ne sont pas encouragées à se marier. Dans cette logique, une jeune dame fâchée et découragée a rapporté ce qui suit :

…Ma mère me dit souvent que je ne suis pas faite pour le mariage et que je ne serais pas utile à un homme. Quand il y a une opportunité on l'oriente toujours vers les autres filles de la famille.

Certains interviewés ont insisté sur le fait que dans la société camerounaise, la tradition a un impact négatif sur le traitement donné aux personnes handicapées. Malgré leur position sociale et leur aptitude à être chef de famille, cette position est refusée à certains du simple faite de leur handicap. En ce sens un interviewé déclare :

…La tradition ne favorise pas l'handicapé, puisque étant handicapé on n'accepte pas facilement pour que nous soyons chef de la famille. C'est parce qu'on estime qu'il y a des choses que vous ne pouvez pas faire.

Toutefois dans 19 % des cas de cette étude, des interviewés ont rapporté que malgré leur handicap, ils ont une expérience de vie positive quant à la dignité accordée à l’être humain. Ils disent être à l’abri des discriminations dans les traitements qu’on leur réserve.

F.2: Autonomie

En tant que principe des droits humains, l’autonomie renvoie à l’habilité à faire le choix et à prendre des décisions sur des situations affectant une vie, y compris le choix de la forme de soutien voulue par la personne handicapée. Voir le tableau 7 pour cette illustration.

Table 7: Autonomie
Variables Sources Codées Pourcentage
Manque d’autonomie 20 20.8
Auto détermination 39 40.6

41 % des interviewés ont déclarés être autonomes dans leurs actions. Ils pensent être au centre de toutes décisions dans leur vie. Ceux qui sont informés sur leurs droits disent poser des actes pour le respect de ceux ci notamment dans le domaine de la succession, de l’accès à l’éducation, au travail etc. Ils se sont battus pour être écoutés et ont de ce fait participé aux activités dans lesquelles ils auraient dû être impliquées. Cet interviewé, cordonnier de son état a montré son auto détermination de la façon suivante :

I have been working hard to get money to buy more materials for my job. I was thinking to go to Italy to learn shoe making as to better improve on my services.

Un autre a exprimé sa fierté d’avoir pu se marier grâce à sa détermination et à son sacrifice en ces termes :

J'ai risqué la mort et la prison pour elle puisque j'ai décide qu'elle est ma femme. Quand t-on prend décision de se marier à une femme, il faut aller avec un cœur pas avec deux cœur si non ça va te jouer. On s'est donc décidé que la femme soit enceinte avant qu'on le signal. C'est comme ça donc que s'est passé avant que je sois marié.

Dans cette même étude et pour ce qui est du manque d’autonomie, approximativement 20.8 % de personnes handicapées ont déclaré n’être pas toujours au centre des décisions qui concernent leur vie. Certains ont déclaré avoir été forcés à poser des actes contre leur volonté parce qu’ils sont taxés d’incapables du fait de leur handicap. Les interviewés ont également fait mention des cas des personnes handicapées connues par eux et qui manquent d’autonomie. Etre en réalité dépendant des autres dans les activités quotidiennes tel que le déclare les aveugles est perçu comme limitatif dans l’habilité à prendre des décisions. Un autre obstacle réside dans le manque d’habilité à participer à certaines activités du fait des obstacles de communication. Dans cette logique, les décisions de vie importantes pour la personne handicapée sont prises par un parent ou par un ami et quelque fois en faisant fi de son point de vue.

Le pourcentage élevé des personnes capables de décider pour leur vie par rapport à ceux incapables démontre que les personnes handicapées se battent pour le respect de leurs droits et de leur indépendance.

F.3: Egalité

Le principe de l’égalité en tant que principe des droits humains implique le respect des différences en matière du handicap, la prise en compte des désavantages et la capacité de participer pleinement et en parfaite égalité aux affaires. Les résultas sur ce principe sont présentés dans le tableau 8 ci dessous.

Tableau 8 Egalité
Variables Sources Codées Pourcentage
Egalité 11 11.5
Inégalité 24 25.0

Ces résultats indiquent que 25.0 % des interviewés ont déclaré avoir été traité de façon inégale dans la famille, la communauté, au travail, à l‘école et par certaines autorités administratives. Pour eux en effet, certaines personnes pensent que handicap est synonyme d’incapacité. Ainsi par exemple, un employeur préférera un valide à une personne handicapée, nonobstant sa qualification ou sa compétence tel que rapporté dans ce témoignage :

From what he said, if he is employing me he has to employ another person to take care of the surrounding since as I won't be able to do so, due to my disability. But, he wants to employ one person who will work as a secretary and clean-up the surroundings.

Un autre a rapporté qu’il a subi un traitement d’inégalité dans sa famille. A ce propos, il mentionne que:

…C'est parce que je suis l'aîné de la famille et je suis d'une famille assez diminué. Donc, quand j'ai perdu la vue, je me suis senti frustré puisque ma famille m'a d'abord rejeté que je ne suis plus utile à eux. Mais au fur et à mesure j'essai de vivre avec.
[translation: Because I am the eldest of the family and when I lost my sight I felt frustrated. My family rejected me because I was no longer useful to them. But I am trying to live with it.]

Toutefois, 12 % des interviewés approximativement ont cité des incidents au cours desquels ils ont été respectés pour leur différence et/ou leur désavantage a été pris en compte en vue de leur participation en pleine égalité. Certains ont reçu de bons traitements de la part de leur famille, employeur, enseignant etc… Une infime proportion a avoué avoir sans discrimination aucune été autorisé à participer aux activités scolaires telles que les discussions de groupe, les jeux, le théâtre. D’autres ont mentionné avoir été traité sur la base d’une égalité en milieu professionnel par leur employeur. Pour d’autres encore, les employeurs ont financé leur stage de perfectionnement.

F. 4: Inclusion

L’inclusion en tant que principe des droits humains est la faculté d’être reconnu et valorisé en tant que plein participant. Elle renvoie aussi à la prise en compte intégrale des besoins sociaux et économiques d’une personne. Le tableau 9 ci après présente les résultats de l’étude en relation avec l’inclusion.

Tableau 9: Inclusion
Variable Sources Codées Pourcentage
Exclusion 15 15.6
Inclusion 38 40.0

Les résultats du tableau 9 indiquent qu’approximativement 16 % des interviewés ont expérimenté des situations de ségrégation, d’isolement et de manque d’assistance sur la base de leur handicap. Ils dissent avoir été aliènes par la société pour ce fait. Beaucoup ont été rejeté et à plusieurs, il a été refusé l’opportunité d’interagir avec les autres. Certains ont été abandonnés par des amis tel qu’il ressort de cet entretien :

Il y a mon meilleur ami qu'on a fréquenté et vécu ensemble pendant 10 ans. Il m'a quitté quand j'ai perdu la vue. Les camarades ont fait la même chose. Quand il m'a quitté, ça m'a frustré. C'est pour cela que quand quelqu'un s'intéresse de moi, je me méfis.

A contrario, 40 % des interviewés ont reconnu recevoir une considération et un traitement de pleine égalité. Certains ont déclare avoir reçu de l’aide à l’instar de celle qui a été apportée à cet interviewé dans un hôpital :

Yes I needed people to sensitise other. Fortunately, the medical officers here are doing their best to sensitise the public.

Cette forte disparité dans les réponses ici peut dénoter du fait que le combat des personnes handicapées pour le respect de leurs droits commence à porter ses fruits dans la société camerounaise.

G : Respect de la différence

Au delà des conclusions qui se dégagent du précèdent paragraphe, le schéma qui ressort de cette étude est que dans la société camerounaise, les personnes handicapées sont traitées différemment. Leur traitement est mitigé. Le tableau 10 fait un récapitulatif du traitement qui est réserve à cette catégorie de personnes au Cameroun.

Tableau 10 Respect de la différence
Variables Sources Codées Pourcentage
Interviewes non respectés et peu considérés 45 47.0
Interviewés étiquetés 51 53.1
Interviewés respectés et valorisés 18 19.0

Pratiquement dans chaque interview, on a pu noter des exemples de discrimination, d’abus et de violence qui se rapportent à la violation des droits des personnes handicapées. Les résultats ci dessus montrent que les personnes handicapées sont très souvent étiquetées sur la simple base de leur handicap. Plus de 53 % des interlocuteurs ont déclaré que dans une situation ou une autre, il leur a été donné un surnom en rapport avec leur handicap.

Le fait d’étiqueter les personnes handicapées au Cameroun semble être monnaie courante. En ce sens par exemple, l’albinos est appelé « gaingairou, bonblanc », le handicapé moteur est appelé « eboa, bend-bend foot, kotto». Les surnoms donnés aux aveugles renvoient aux noms des célébrités dans cette catégorie de personnes à l’instar de «Stephen Wander».

Cette stigmatisation est une violation grave de la dignité humaine car au Cameroun, ces surnoms sont utilisés avec beaucoup de mépris. La personne à qui on applique un surnom est obstruée. Elle devient invisible et perd son individualité. Individuellement et collectivement ainsi, les personnes handicapées sont mises au banc de la société comme étant indignes ou comme étant moins que des êtres humains.

Les résultats indiquent aussi que 47 % des interviewés ne sont pas respectés ni valorisé dans leur quotidien et pour leur opinion. Quelquefois ils n’ont pas pu soutenir leur position du fait de la peur des agressions physiques, psychologiques ou émotionnelles. Par moment quand ils sollicitent des conseils, ils sont mal compris tel que le déclare un aveugle en ces termes :

Un jour j'étais à coté de SCORE13 et j'avais sollicité de l'aide d'une demoiselle pour me guide pour SCORE. Malheureusement pour moi, elle m'a dit qu'elle n'avait d'argent à me donner.

Note #13
Un grand centre commercial de Yaoundé.
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Malgré cette proportion, 19 % des interviewés considèrent qu’on les respecte et qu’ils ont la place qu’ils méritent. Même dans ces cas cependant, les situations d’abus et de discrimination supplantent les souvenirs des situations marquant la dignité dans le traitement.

H : Réponses aux abus et à la discrimination

Après avoir été confronté à des discriminations répétées et quelque fois à des abus, les interviewés ont eu des différentes réactions. Certains ont choisi de garder des distances par rapport au contexte dans lequel ils ont été exposés à cette discrimination et ou abus. D’autres ont résisté en essayant de changer la situation. D’autres enfin se sont plaints. C’est ce qui ressort du tableau 11.

Tableau 11 Réponses aux abus et à la discrimination
Variables Sources Codées Pourcentage
Distance 1 1.0
Résistance 8 8.3
Rapport et action légale 49 51.0

H.1: Distance

Les résultats dans le tableau 11 montrent qu’une personne a décidé de prendre de la distance par rapport aux contextes et aux situations qui leur ont causé des souffrances dans le passé. Au regard de la façon avec laquelle ils ont été traités dans les précédentes situations similaires, il a opté de garder de la distance par rapport aux mêmes situations qui pourraient les embarrasser dans le futur.

H.2 : Résistance

Dans le même tableau 11, les résultats indiquent aussi que certains interviewés ont gardé le contact avec ces milieux où ils ont subi des frustrations à l’effet d’essayer de changer la situation. Plus de 8 % sont restés flexibles mais sereins, résistant ainsi aux oppressions par la lutte pour le respect de leurs droits plutôt que de rester dans l’adversité et l’hostilité. A titre d’exemple, nous avons le témoignage d’un homme qui n’était pas respecté ni considéré dans sa famille :

…J'ai dû m'imposer dans ma famille et imposer mon rang social dans ma communauté.

Certains interviewés par contre ont choisi de s’imposer où de s’inviter là où personnes ne voulait d’eux. Cette expérience est relatée en ces termes dans le témoignage d’une jeune fille :

Une fois je suis allé à la radio pour présenter un journal. Il y avait quelqu'un qui ne connaissait pas qu'un non voyant peut lire. Il a demandé à ses collègues si je pouvais lire? Parce qu'il n'est pas décors pour que je présente le journal. Il se fâché et sortit même de la salle du journal. J'ai fini par présenter le journal.

H.3 : Rapport et action légale

Les résultats ont par la suite indiqué qu’un nombre important des interviewés a choisi de faire un rapport ou de se plaindre contre les abus et discriminations dont ils sont victimes. Approximativement 51 % des interviewés ont essayé de se plaindre. Leurs efforts ont dans beaucoup de cas été sans suite. Dans certains rares cas également, les autorités ont apporté des solutions à leurs requêtes.

H.4 : Raisons du refus de porter plainte

Bien que discriminés dans beaucoup d’hypothèses, la plus part des interviewés a choisi de ne pas se plaindre. Les raisons de leur silence sont nombreuses et présentées dans le tableau 12 ci après.

Tableau 12 Raisons du refus de porter plainte
Variables Sources Codées Pourcentage
LInaccessibilité aux lieux de la plainte 3 3.1
Aucun changement n’est escompté 7 7.3
Peur 9 9.4
Autocensure 17 17.7
Manque de moyens financiers et de ressources 1 1.0

H.5 : Inaccessibilité aux lieux de la plainte

3.1 % des interviewés disent avoir gardé le silence face à des discriminations et aux abus dont ils sont victimes par ce qu’ils ne savent où diriger une plainte. Ils ne savent comment accéder et ne peuvent pas accéder aux lieux de plainte existants ; encore moins ont-ils toutes les informations sur comment faire une plainte auprès de ces autorités. L'interviewée qui nous parle dans les lignes qui suivent a affirmé ne pas connaître vers quelle autorité se référer en cas de violation de son droit ou de différend y relatif :

…Je ne savais pas où aller me plaindre.

D’autres ont relevé n’avoir par porté plainte du fait du manque de structure gouvernementale ou d’autorité habilitée à gérer ce genre de requête.

H.6 : Aucun changement n’est escompté

D’autres ensuite disent ne pas faire confiance aux autorités administratives et pensent de ce fait que ça ne servirait à rien, qu’il serait inutile de porter plainte au regard du fait qu’aucune action appropriée ne sera prise pour remédier à la situation. Par conséquent, aucun résultat satisfaisant ne sera escompté d’une requête.

Plus de 7 % des interviewés ont pensé que leur requête ne changera rien. Pour eux en effet, il n’est pas nécessaire de se plaindre puisque les attitudes humaines sont la cause première des violations subies par les personnes handicapées. Pour d’autres enfin, la solution passera par la mise en œuvre effective de la loi existante au Cameroun sur les personnes handicapées. Pour l’interviewé qui s’exprime dans les lignes suivantes en effet, rien ne sera fait si ce préalable n’est pas satisfait.

…parce que dans autres situations j'ai fais une plainte et ça n'a rien aboutit. Les choses sont toujours détournées.

H.3: Peur

Des résultats, il ressort également que plus de 9 % des l’interviewés n’ont pas porté plainte parce qu’ils redoutent les conséquences d’une telle initiative. Ils ont par exemple peur d’apporter ainsi d’autres formes de conflits dans la famille, dans leur lieu de travail ou dans leur environnement de vie immédiat.

H.8 : Autocensure

Une bonne proportion de ces interviewés s’est repliée sur elle même. 18 % de ces interviewés approximativement ne se sont pas plaints parce qu’ils se sentent diminués, inférieurs ou parce qu’ils ont honte d’eux mêmes. Plutôt que de trouver la cause de ces discriminations dans des facteurs sociaux, économiques et environnementaux, ces interviewés pensent que le handicap lui-même justifie les oppressions dont ils sont victimes.

H.9 : Manque de ressources financières

Un interviewé a omis de porter plainte dans les cas d’abus et de discrimination par manque de moyens financiers tel qu’il ressort de l’entretien suivant :

Non, je n'ai pas porté plainte parce que je n'avais pas d'argent pour acheter le timbre pour ma plainte

If faut tout de même faire remarquer qu’aucun interviewé n’a rapporté ne s’être pas plaint du fait de la corruption.

I : Causes systémiques de la discrimination

Les causes systémiques de la discrimination sont des facteurs sociaux, politiques et économiques qui sont à la base des abus et de la discrimination dont sont victimes les personnes handicapées. Tout au long des interviews, les interlocuteurs, ont réfléchi à leur propre condition et à celle de l’intégralité de la société telle que vécu par eux dans les aspects sociaux, économiques, politiques et culturels. Les résultats des causes systémiques de la discrimination chez la personne handicapée sont présentés dans le tableau 13 qui suit :

Tableau 13 Causes systémiques de la discrimination
Variables Sources Codées Pourcentage
Sociale 43 44.8
Economique 2 2.1
Législative 8 8.3

I.1: Sociale

La plupart de temps, des actes d’exclusion et de discrimination à l’égard des personnes handicapées sont relatifs à la façon avec laquelle la reproduction sociale des activités et les relations sociales opèrent et sont organisées. Dans près de 45 % des interviews, les abus et les discriminations semblent provenir des facteurs et des contextes sociaux diversifiés. Des exemples sur cet aspect de chose étaient nombreux et variés dans les entretiens. Par exemple, beaucoup ont affirmé que les discriminations dont sont victimes les personnes handicapées au Cameroun ont des racines sociales et tirent leur émergence dans des stéréotypes profonds. Dans cette société en effet, la personne handicapée est caricaturée comme étant un fardeau, un bon à rien, un inutile, un maudit. Un homme a fait le commentaire suivant dans cet ordre d’idées :

…Les gens pensent qu'un handicapé doit toujours demander de l'argent, et qui ne réfléchit pas. On nous colle tous ce qui est péjorative.

Un autre homme a fait le commentaire suivant :

They had hardly understood the abilities of persons with disabilities. Furthermore, they question their investments in us.

Il ressort de cette étude que les personnes handicapées sont aussi fréquemment discriminées dans les transports publics. Une fois de plus ici, il n’était pas tellement question d’une discrimination particulière ou de l’attitude d’un individu conducteur de voiture isolé, mais plutôt de l’indifférence totale des transporteurs publics face aux besoins des personnes handicapées. Bien plus que d’un cas isolé, c’est un problème systémique réel.

Dans beaucoup d’autres cas où les personnes handicapées ont été mal orientées, abandonnées par des voitures de transport public ou tout simplement chassées, le problème avait une réelle dimension sociale dans la mesure où le stéréotype suivant lequel les personnes handicapées sont des mendiants et qu’ils risquent de ne pas payer est très rependu dans les esprits au point où les chauffeurs de véhicules de transport public ne risquent pas en refusant de transporter des personnes handicapées.

Les discriminations subies par les personnes handicapées en famille sont généralement liées à un contexte de pauvreté. Les besoins d’assistance et les obligations quotidiennes associés à certaines formes de handicaps, sont perçus par la famille comme un signe de dépendance réelle, de frais supplémentaires qui ne contribuent en rien au bien être économique de la famille. Dans un contexte de pauvreté extrême, très peu de famille souhaiterait vivre cet état de chose.Et dans ce contexte une fois de plus, la discrimination semble avoir un lien avec une perception sociale négative plus large du lien qui existe entre le handicap et la famille, plutôt qu’une simple attitude d’un membre d’une famille particulière.

I.2: Economique

D’autres actes d’exclusion et de discrimination envers les personnes handicapées peuvent être liés à la façon dont les activités économiques sont organisées et gérées dans la société camerounaise. En effet, sensiblement 2 % des interviewés ont pensé que les barrières auxquelles ils sont exposés trouvent leur racine dans le système économique. Certains en particulier pensent que la discrimination est une conséquence directe de la pauvreté profonde dans laquelle les personnes handicapées sont forcées de vivre. Ceci ressort des propos suivants d’un interviewé :

…J'avais problème avec quelqu'un. Je suis allé me plaindre a la gendarmerie et on m'a demandé de repasser. Après quelques jours, je repars pour la brigade, on me demande les frais de descente de 50 000 Frs. ça ma décourager parce que je ne pouvait trouver les 50000 Frs...

I.3 : Législatives

La discrimination envers les personnes handicapées résulte aussi de la non mise en œuvre des lois et politiques tel qu’il ressort d’un entretien. Dans ce cas en effet, le handicap n’était pas le problème majeur. Plusieurs personnes handicapées étaient en mesure d’accomplir les tâches qui étaient attendues d’elles. Le challenge résidait a contrario dans l’environnement et le problème majeur était le refus de reconnaître que la personne handicapée a des droits.

….Je me suis dis que quelque part la machine gouvernementale n'est pas cohérente, puisque je ne vois pas comment le Chef de l'Etat peut décider de quelque chose et on refuse de l'obéir. Il y a des lois, mais personne ne les applique.

De cette étude, il ressort que le gouvernement n’a pas clairement formulé les lois et les politiques qui garantissent les droits des personnes handicapées et leur mise en oeuvre n’a pas bénéficié de l’attention qu’elle mérite. La politique gouvernementale en générale veut que les personnes concernées par une réglementation et dont les personnes handicapées soient impliquées dans l’élaboration des lois et politiques qui les concernent.

D’un autre côté, certaines lois et politiques constituent une entrave à l’éducation des personnes handicapées dans certaines écoles de formation professionnelle prestigieuses. Dans cet ordre d’idées, un étudiant rapporte ce qui suit :

Non, il y a les textes pour l'entrée à l'École Normale Supérieur par exemple qui disent que les postulants ne doivent pas souffrir d'aucune défiance de la vue, etc.

J: Genre, ethnicité, classe sociale et handicap

Cette étude a aussi donné aux interviewés la possibilité de faire connaître leurs perceptions sur la façon dont le handicap est perçu dans la société camerounaise en relation avec d’autres “différences sociales” et essentiellement celles en rapport avec les classes sociales, l’ethnicité et le genre. Il est dans ce sens question d’analyser comment nos interlocuteurs perçoivent les intersections entre le handicap et les classes, l’ethnicité et le genre et leur impact sur les discriminations qui peuvent être observées dans ce jeu de relation.

J.1: Genre et handicap

Les avis des interviewés sont partagés quant à la question de savoir le point d’intersection qui existe entre le genre, le handicap et les discriminations observées. Sensiblement 48.0 % d’interviewés avec égalité dans les deux genres ont répondu à cette question. La majorité, hommes et femmes confondus, avec un pourcentage un peu plus élevé d’hommes pensent que le genre n’a aucun impact sur les discriminations dont sont victimes les personnes handicapées au Cameroun. Selon eux en effet, les hommes et les femmes handicapés sont de façon égale sujets à des discriminations.

Toutefois, certains interviewés pensent que le genre influe sur la façon avec laquelle on traite la personne handicapée au Cameroun. L’un d’eux a révélé que :

La femme handicapée subie plus de frustration qu'un homme handicapé. Donc dans ma situation, elle serait confrontée à des choses plus pire que moi

Une femme handicapée a fait savoir que cette affirmation est vraie dans les interactions sociales. Elle a ajouté qu’il est difficile de voir une handicapée mariée. Pour elle en effet, les hommes en général (handicapés ou non) préfèrent les femmes valides.

Oui, c'est le plus regrettable, puisque entre 85-95% de familles vont toujours refuser que leur frère ou fils épouse une femme handicapée. La famille aura toujours besoin d'une femme qui peut travailler.

Au delà, un interviewé masculin a dit que :

“Les femmes sont traitées de façon un peu plus justes et avec un peu plus de respect que les hommes ”.

J.2: Ethnicité et handicap

Près de 41 % des interviewés ont fait des commentaires sur cette question. Ici encore, les réponses varient. Pendant que certains pensent que l’ethnicité influence le handicap, d’autres réfutent cette thèse. En général cependant et malgré l’ethnicité de la personne handicapée, il ou elle est traitée en tenant compte de son handicap tel qu’exprimé par cet interlocuteur:

…Je pense que les traitements reçues par les personnes handicapées est du au fait qu'elles sont handicapées. Donc, ça ne tient pas compte de l'ethnie de la personne.

J. 3: Classes sociales et handicap

Au Cameroun comme dans beaucoup d’autres pays, le handicap est très souvent assimilé à la pauvreté. 44.0 % des interlocuteurs de cette étude pensent que la classe simplement définie comme la condition du pauvre ou du riche interagit avec la condition du handicapé pour le protéger ou l‘exposer à des discriminations et abus. Leurs points de vues est bien diversifies ici. Bien plus, un consensus semble se faire autour de l’idée selon laquelle dans les sociétés ou le niveau de vie est généralement bas, tel qu’au Cameroun, le pouvoir économique est un facteur essential du statut social et du respect des droits humains.

En un mot, être handicapé et riche met à l’abri de certaines violations de ses droits humains tandis que être handicapé et pauvre, tel dans le cas de la majorité de personnes handicapées au Cameroun, expose à une marginalisation, à plus de discriminations, d’oppression et de refus persistant du respect de leurs droits humains et de reconnaissance de leur dignité.

III. Intersections (Tableaux comparatifs)

En plus de la description des variables retenues pour cette étude et de la volonté de ressortir les contenus de ces variables, les relations entre ces différentes variables 14 ont été explorés. Cette analyse s’est reposée sur trois attributs que sont l’age, le genre et le type du handicap de la personne interviewée. En plus, un examen des relations entre ces variables, le type de barrières, ainsi que l’accès de l’interviewé à l’exercice de ses droits humains fondamentaux a été fait. Dans la mesure du possible, des tests Chi Square ont été exécutés pour examiner si les différences de groupe produites étaient statistiquement significatives.

Note #14
Cette analyse a pu se réaliser grâce au NVivo 7
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III. 1: Barrières par attributs

III.1.a: Barrières par groupes d’age

Le tableau 14 montre les interrelations entre les types de barrières rencontrées par les interviewés en tenant compte de leur classe d’age.

Incidences15 des barrières par groupes d’age
Variables Variables Plus de 40 ans
SC16 R%17 C % SC R% C%
Toutes les barrières 87 (78.4 %) 24 (21.6 %)
Attitude 46 73.0 52.9 17 26.9 70.8
Abus 28 93.3 32.2 2 6.7 8.3
Accès 13 7 72.2 14.9 5 27.8 20.8
Note #15
Dans la présentation des matrices en relation avec les types de barrières, le terme INCIDENCES est utilisé pour représenter les sources codées pour chaque catégorie de barrières expérimentées et rapportées. Ceci parce qu’un interviewé peut avoir présenté plus d’un incident sous une catégorie spécifique de barrière : Par exemple sous la catégorie des attitudes discriminatoires, on peut s’être référé a une sous catégorie telle que la discrimination dans un contexte familiale (ATTFAM) et au même moment se référer à la discrimination au travail (ATTWK, à l’école (ATTSCHO) et dans la société (ATTSOC). Ces remarques tiennent dans l’hypothèse des abus, de violence et d’accès limité aux catégories de barrières. Pour une standardisation des résultats, cette étude couvre les résultats en terme de pourcentages et du total des incidents rapportés dans les lignes et colonnes qui suivent en appendice.
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Note #16
SC: Sources codées
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Note #17
R%: Moyenne de pourcentages devant faciliter les comparaisons entre les groups (age, genre et type de handicap) ou de toute variable particulière en terme de types de barrière ou de leurs implications sur les droits humains.
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Parce qu’ une large proportion de notre échantillonnage tombe dans le groupe d’age de moins de 40 ans, les taux élevés des incidences des attitudes discriminatoires, des abus et des barrières d’accès ont aussi été retrouvés dans ce groupe. En raison de ce grand différentiel, les comparaisons à travers des groupes d'âge sont sans signification. Par conséquent, notre analyse se concentrera principalement sur la distribution dans chaque groupe.

Dans les deux groupes, plus souvent les incidents rapportés se sont rapportés aux attitudes discriminatoires. Cependant, les personnes handicapées de moins de 40 ans ont rapporté une incidence beaucoup plus élevée d'abus et de violence que ce qui avaient plus de 40 années. Plutôt que, celles au dessus de 40 ans ont plus expérimenté des situations d’accès limité.

III.1.b: Barrière par genre.

Le tableau 15 compare les différents types de barrières par genre d’interviewés.

Tableau 15 Incidences des Barrières par genre
Variables Masculin Féminin
SC R % C % SC R% C%
Toutes les barrières 58 (51%) 56 (49%)
Attitude 33 51.6 56.9 32 49.2 57.1
Abus 11 36.6 19.0 19 63.3 33.9
Accès 14 73.7 24.1 5 26.3 8.9

Le tableau 15 montre que des hommes et des femmes ont rapporté généralement les incidences semblables des barrières. Il est important cependant d'examiner comment les différents types de barrières ont affecté chaque genre.

Les résultats de cette étude indiquent qu’un schéma distinct de barrières existe pour les hommes et les femmes qui sont plus exposées aux attitudes discriminatoires (plus de 56 %), qu’aux abus (19 %) et aux barrières d’accès (24 %). De même, les femmes sont plus prêtes à rapporter les incidences des attitudes discriminatoires (plus de 57 %), que des abus (au moin 33 %) et des accès limités (8%). Cependant, les femmes rapportent des incidents d'abus presque deux fois plus souvent que des hommes, ce qui suggère que le genre intersecte avec l'handicap pour produire ce type de discrimination contre des femmes. Mieux encore, un examen des différents rapports montre que les abus et les violences sur les femmes handicapées apparaissent notamment dans le contexte domestique et restent imputables à leurs parents, à leur partenaire, à leurs frères et soeurs comme on les vit en général dans la population féminine.

III.1.c: Barrières par type de handicap

Cette partie fait une analyse des barrières expérimentées par les interviewés en rapport avec le type du handicap dont ils pâtissent. Les résultats de cette analyse se trouvent au tableau 16 ci-après.

Tableau 16 Incidences des barrières par type de handicap
Variables Handicapés visuels Handicapés moteurs Albinos
SC R% C% SC R % C % SC R% C%
Toutes les barrierès 50 (45.5%) 50 (45.5%) 10 (9.1%)
Attitude 33 53.2 66.0 24 38.7 48.0 5 8.1 50.0
Abus 11 37.9 22.0 14 48.3 28.0 4 13.8 40.0
Accès 6 31.6 12.0 12 63.2 24.0 1 5.3 10.0

Une comparaison des types des barrières auxquelles sont confrontées les personnes avec des handicaps particuliers doit être faite avec beaucoup de prudence puisque la distribution de notre échantillon était très inégale en ce qui concerne cet attribut. Généralement, les personnes handicapées visuelles et celles avec les handicaps physiques ont rapporté les taux semblables de barrières mais les albinos ont rapporté sensiblement moins, probablement parce qu'ils étaient également moins de elles dans l'échantillon.

Plus intéressantes sont les comparaisons dans des groupes. Chacun des trois groupes semble éprouver des attitudes plus discriminatoires que n'importe quels autres genres de barrières mais cette différence est particulièrement forte parmi les personnes qui sont des aveugles et ont la basse vision. Les albinos, d'une part, tendent également à rapporter une incidence élevée de l'abus (le plus haut parmi les trois groupes), qui est susceptible de les placer à un à haut risque pour éprouver la discrimination et la violation des droits.

III. 2: Accès aux principes de droits humains par attributs

III. 2.a: Accès aux principes de droits humains par groupe d’age

Le tableau 17 examine ainsi les relations entre l’accès aux principes de droits humains et le groupe d’age des interviewés.

Tableau 17 Accès aux principes de droits humains par groupe d’age
Variables Moins de 40 ans Plus de 40 ans
SC R% C% SC R% C%
AUTONOMIE
Manque d’autonomie 16 84.2 6.4 3 15.8 7.0
Auto détermination 28 8.8 11.2 4 15.8 6.9
DIGNITE
Valoriser 15 15 6.0 0 0 0
Valoriser 48 84.2 19.2 9 15.8 20.9
EGALITE
Egalité 8 88.9 3.2 1 11.1 2.3
Inégalité 15 78.9 6.0 4 21.1 9.3
INCLUSION
Inclusion 30 90.9 12.0 3 9.1 7.0
Exclusion 10 76.2 4.0 3 23.1 6.9
RESPECT DE LA DIFFERENCE
Se moquer 36 80.0 14.4 9 20.0 20.9
Respecter 15 88.2 6.0 2 11.8 4.6
Déshonorer 29 85.3 11.6 5 14.7 11.6

Dans les deux groupes considérés, les rapports sur les incidences impliquant la violation des principes de base des droits humains ressortent de façon significative dans l’analyse portant sur l’accès à un exercice de ces mêmes principes. En d’autres termes, ces résultats indiquent clairement que les personnes handicapées au Cameroun, sans considération de leur age, sont traitées avec inégalité et peu de respect. Elles sont exclues de la société profonde et elles sont soustraites de leur faculté d’exercer et de manifester leur autonomie et leur autodétermination même dans les cas des décisions qui affectent leur propre vie. Dévaluées au regard de la société et quelque fois dans leur propre famille, leur dignité en tant qu’être humain est sérieusement entamée.

III. 2.b: Accès aux principes des droits humains par genre

Cette section aborde la question de l’accès aux principes des droits humains par genre. Les résultats sont présentés dans le tableau 18.

 

Tableau 18: Accès aux principes des droits humains par genre
Variables Hommes Femmes
SC R% C% SC R% C%
AUTONOMIE
Manque d’autonomie 11 55.0 6.1 9 45.0 5.3
Auto détermination 22 56.6 12.1 17 43.6 10.1
DIGNITE
Dévaluer 36 51.4 19.8 34 48.6 20.2
Honorer 8 44.4 4.4 10 55.5 5.9
EGALITE
Egalité 2 18.2 1.1 9 37.5 5.3
Inégalité 15 62.5 8.3 9 37.5 5.3
INCLUSION
Exclusion 7 46.7 3.9 8 53.3 4.8
Inclusion 17 44.7 9.4 21 55.3 12.5
RESPECT DE LA DIFFERENCE
Se moquer 28 54.9 15.5 23 45.1 13.7
Respecter 10 55.5 5.5 8 44.4 4.8
Déshonorer 25 55.5 13.8 20 44.4 11.9

Le tableau 18 montre que l’accès à un exercice des principes des droits humains est différent de l’homme à la femme. Les résultats suggèrent que les hommes avec des handicaps soient que des femmes pour rapporter des incidences de manque d'accès aux principes de base de droits de l'homme. Cependant, statistiquement des différences significatives ont été seulement trouvées pour des rapports de l'accès à l'égalité, où les hommes plus souvent que des femmes rapportent des expériences de l'inégalité. (chi square de 5.931 pour un p=0.1). Cette différence peut être liée au fait que les normes et les valeurs de genre régnant au Cameroun assignent une plus grande puissance aux mâles qu'aux femelles. En conséquence, plus de mâles handicapés ont rapporté le manque d'accès à ce rôle « d’ autorité » que les femelles qui sont enseigné par la société à prendre des rôles plus dociles.

III. 2.c: Accès aux principes des droits humains par types de handicaps

L’accès aux principes des droits humains par types de handicaps est présenté dans le tableau 19.

Tableau 19 Accès aux principes des droits humains par types de handicaps
Variables Handicapés visuels Handicapés auditifs Handicapés moteurs Albinos
SC R % C % SC R % C % SC R % C % SC R % C %
AUTONOMIE
Manque d’autonomie 7 36.8 5.6 0 0 0 9 47.4 21.4 3 15.9 7.1
Auto determination 14 36.8 11.3 2 5.3 18.2 19 50.0 12.2 3 7.9 7.1
DIGNITE
Dévaluer 32 46.4 25.8 2 2.9 18.2 31 44.9 19.9 4 5.8 9.5
Honorer 5 27.8 4.0 1 5.5 9.1 7 38.9 4.5 5 27.8 11.9
EGALITE
égalité 4 36.4 3.2 0 0 0 7 63.6 4.5 0 0 0
Inégalité 9 39.1 7.3 0 0 0 11 47.8 7.1 3 13.0 7.1
INCLUSION
Exclusion 6 24.9 4.8 0 0 0 7 50.0 4.5 6 16.2 14.3
Inclusion 14 37.8 11.3 2 5.4 18.2 15 40.5 9.6 1 7.1 0.6
RESPECT DE LA DIFFERENCE
Se moquer 16 32.0 12.9 3 6.0 27.3 22 44.0 14.1 9 18.0 21.4
Respecter 7 38.9 5.6 0 0 0 8 44.4 5.1 3 16.7 7.1
Déshonorer 19 42.2 15.3 1 2.2 9.1 20 44.4 12.8 5 11.1 11.9

Compte tenu de la répartition empirique de l’échantillon de recherche pour ce travail et en tenant compte du type de handicaps, les comparaisons par groupes de handicaps sont limitées. Les handicapés moteurs ont été le plus grand groupe numériquement de notre étude et dans leur groupe, la vie et les relations sociales connaissent le plus d’incidence au regard de toutes les variables.

Excepté le principe de la dignité où un Chi Square de 8.24 a été trouvé pour un p=.04 (témoin d'une différence dans le modèle des réponses des albinos contre tous les autres groupes) aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée à travers des groupes d'incapacité en termes d'accès aux principes fondamentaux de droits de l'homme. Les résultats prouvent qu'en général les incidences impliquant l'irrévérence pour la différence, l'inégalité et la violation de la dignité sont plus typiques que des expériences de l'accès à et de l'exercice des principes de droits de l'homme de thes (pourcentages de colonne). Néanmoins, à travers toutes les incapacités (excepté des albinos) les interviewés également ont rapporté des expériences d'inclusion et d'autodétermination plus souvent que le manque d'accès à ces principes de droits de l'homme. Ces résultats apparent contradictoires méritent certainement davantage d'enquête à l'avenir.

Des rapports nombreux de l'étiquetage en raison de l'handicap ont été trouvés à travers tous les groupes de handicap indiquant que cette pratique irrespectueuse et accablante règne dans la société du Cameroun. Des incidences du traitement inégal,de l'exclusion et des violations inégaux de la dignité humaine ont été souvent rapportées.

Ainsi, cette étude a débouché sur les principales conclusions et recommandations présentées dans la section qui suit.

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