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Section 5 : Principales Conclusions et Recommandations de l'Etude

Au regard du contexte au Cameroun, les principales conclusions pour cette étude viennent non seulement des informations qui ont été recueillies auprès des interviewés, mais aussi de ce que notre expérience à la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés du Cameroun nous a donné de capitaliser en relation avec la situation de la personne handicapée au Cameroun. Cette approche a été adoptée dans le souci de présenter dans cette étude, un contexte et des données assez pratiques pour des actions efficientes.

Sur la base de tous ces éléments donc et principalement de ceux qui ont servi à l’analyse des données recueillies sur le terrain, les principales conclusions de cette étude peuvent être dégagées et portent sur les barrières expérimentées, les abus et violence, les attitudes discriminatoires, l’accessibilité limitée, les expériences de vie positives, l’accès aux principes des droits humains (dignité, autonomie, égalité et inclusion), le respect de la différence, les réponses aux abus et à la discrimination, les causes systémiques de la discrimination.

Elles sont recensées ainsi que suit :

  • le gouvernement du Cameroun est le seul organe capable d’apporter de manière effective et durable des solutions aux difficultés des personnes handicapées ;
  • au Cameroun, presque tous les centres d’encadrement des personnes handicapées restent l’œuvre des initiatives privées et laïques. Les centres créés par le gouvernement sont presque inexistants ;
  • il y a un manque de dialogue entre le gouvernement et les personnes handicapées au Cameroun ;
  • le montant des subventions allouées par l’Etat aux institutions d’encadrement des personnes handicapées est insignifiant et peu régulier ;
  • les écoles de formation étatiques d’enseignants spécialisés aux divers handicaps sont inexistantes ;
  • il y a un effectif très réduit d’enseignant spécialisés à la déficience et pour la plupart, ils sont formés sur le tas ;
  • certaines autorités administratives et éducatives font une mauvaise interprétation de la loi de 1983 et de son décret d’application de 1990, relatifs à la protection des personnes handicapées, notamment dans le domaine de l’accès gratuit à l’éducation, des enfants handicapés ou nés de parents handicapés ;
  • - la loi de 1983 et son décret d’application de 1990 relatifs à la protection et à la défense des droits des personnes handicapées au Cameroun ne sont pas coercitifs ;
  • l’effectif du personnel de la Fonction Publique affecté auprès des institutions accueillant les personnes handicapées est insignifiant ;
  • la situation de la personne handicapée qualifiée ou non face au marché de l’emploi est précaire au Cameroun ;
  • les personnes handicapées sont exclues de plusieurs concours officiels ;
  • les parents sont très souvent désemparés face au handicap de leurs enfants ;
  • il y a un manque de données statistiques sur la population des personnes handicapées au Cameroun ;
  • la politique sociale en matière de protection et de promotion des droits des personnes handicapées au Cameroun est inappropriée ;
  • le Comite National de pilotage des personnes handicapées est précarité ;
  • le pourcentage des personnes handicapées dans les grands corps de l’Etat (l’Assemblée Nationale, Ministères, Entreprises Publiques etc) est insignifiant ;
  • les personnes handicapées restent encore discriminées dans certains textes et notamment dans ceux portant sur l’entrée à l’Ecole Normale Supérieure etc.
  • il n’existe pas de fonds de solidarité nationale destinée à apporter des financements pour les micros projets des personnes handicapées afin d’assurer leur autonomie financière ;

Au delà de ces conclusions qui relèvent des analyses faites des données collectées dans cette études et au vue de la donne actuelle dans le domaine de la protection des droits de la personne handicapée sur la scène internationale, il convient de rappeler que le Cameroun n’a pas encore signé ni ratifié la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées qui a été ouverte à signature en mars 2007, soit après la fin de la collecte des informations relevant de cette étude.

II. Principales Recommandations

Face à toutes les barrières et discriminations décrites dans ce travail, les interviewés ont proposé un certain nombre de recommandations importantes dans le but d’améliorer la situation des personnes handicapées au Cameroun. Le résumé de ces recommandations est donné dans le tableau 14 qui suit.

Tableau 14 Recommandations
Variables Sources Codées Pourcentage
Prise de conscience 52 54.2
Croissance du respect 13 13.5
Soutien social 13 13.5
Législation 16 16.7
Soutien économique 6 6.3
Représentation politique 1 1.0
Soutien des pairs 18 18.8

I. Prise de conscience

La prise de conscience est la plus importante des recommandations faites par les interviewés. Pour la majorité en effet (plus de 54,2 %), il faut que :

  • le gouvernement éduque davantage les populations sur les questions en rapport avec le handicap et sur comment se comporter face à des personnes handicapées ;
  • l’Etat organise davantage des conférences débat sur des thèmes ayant trait aux droits des personnes handicapées à savoir : la discrimination, l’exclusion, la protection contre les abus, l’éducation, la santé etc ;
  • le gouvernement et les organisations en charge des questions liées aux handicap sensibilisent davantage les parents en particulier et la communauté en général, sur le handicap afin qu’ils acceptent mieux ce fait et interagissent davantage avec les personnes handicapées.

II. Croissance du respect

Approximativement 14 % des interviewés souhaitent être davantage respectés et recevoir plus de considération du gouvernement et en particulier du Ministère des Affaire Sociales qui est en charge des personnes handicapées au Cameroun. Ces derniers pensent que le gouvernement doit agir au premier plan afin d’augmenter l’attention des populations sur les questions des personnes handicapées. Et pour y arriver, les travailleurs sociaux devraient davantage être formés sur leurs responsabilités face aux personnes handicapées et sur les droits de ces derniers. Pour certains interviewés en effet, la société ne devrait plus se focaliser sur le handicap, mais plutôt sur ce qui peut être fait par la personne handicapée.

III. Soutien social

Dans le domaine du soutien social à apporter aux personnes handicapées, les recommandations bien que provenant de 13,5 % seulement des interviewés, ont été le plus dense. Elles portent notamment sur le fait que l’Etat devrait davantage :

IV. Législation

Sous l’angle législatif, les interviewés ont fait un certain nombre de recommandations dans 16,5% de cas à savoir que :

V. Soutien économique

Pour ce qui est du soutien économique aux personnes handicapées, les interviewés ont dans 6,3 % de cas recommandé que l’Etat :

VI. Représentation politique

Pour ce qui est de la représentation politique des personnes handicapées, un interviewé a recommandé que :

VII. Solidarité entre handicapés

Sur cette question, les personnes interviewées ont dans 18,8% des cas recommandé que le gouvernement mettre sur pied des politiques de renforcement de la solidarité entre les personnes handicapées elles même.

Au-delà de toutes les autres recommandations exogènes aux personnes handicapées, c’est en définitive sur un appel à plus de solidarité entre les personnes handicapées elles mêmes que les recommandations de cette étude viennent clore cette études sur les droits des personnes handicapées au Cameroun.

  • faire des efforts dans le domaine du soutien social apporté aux personnes handicapées ;
  • s’efforcer d’améliorer les conditions de vie et les revenus des personnes handicapées et des membres de leur famille ;
  • apporter de l’assistance aux personnes handicapées dans les domaines du transport, du logement de l’éducation, de la santé et de l’emploi ;
  • prendre des mesures particulières favorisant l'emploi des personnes handicapées ;
  • promouvoir l'éducation physique et des sports pour personnes handicapées ;
  • créer de meilleurs services pour personnes handicapées tel que les services d’orientation et du counselling pour ceux qui souffrent de discrimination et d’abus ;
  • élaborer des politiques au profit des personnes handicapées dans l'utilisation des moyens de transport public et encourager de ce fait le transport collectif privé des personnes handicapées en les dotant de matériels logistiques adaptés à leur condition ;
  • apporter un soutien financier pour les petites activités génératrice de revenus afin d’améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie ;
  • supprimer des barrières architecturales dans les édifices publiques ;
  • le gouvernement puisse rendre l’écriture braille plus accessible, en créant des écoles de formation d’enseignants spécialisés à travers l’introduction d’une spécialité braille, à l’Ecole Normale Supérieure et dans les Ecoles Normales d’Instituteurs ; par la mise sur pied des politiques visant à augmenter le nombre d’écoles pour déficients visuels et vulgariser la canne blanche et l’écriture braille au sein des institutions éducatives en initiant des séminaires de sensibilisation et de formation afin que le plus grand nombre de personne s’y intéresse.
  • le Ministère des Affaires sociales en collaboration avec le Ministère de la Santé, devrait créer des unités de prise en charge psychologique des personnes handicapées ;
  • le gouvernement devrait accorder une attention particulière dans la subvention et l’affectation du personnel qualifié auprès des structures accueillant les personnes handicapées ;
  • - bannir la marginalisation des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie en société, car elles sont des personnes à part entière et non entièrement à part.

    • le gouvernement doit poursuivre ses efforts de mise en œuvre effective de la loi de 1983 sur les personnes handicapées. Il doit éviter d’appliquer très sélectivement les mesures qu’elle préconise ;
    • cette loi de 1983 et son décret d’application de 1990 doivent être amendés pour plus de clarté dans leur interprétation ;
    • le projet de révision de la loi de 1983 et son décret d’application de 1990 en vue de les rendre plus cœrcitifs, doit être accéléré. Dans le même ordre d’idées, les mesures réglementaires doivent être pries pour que les violations des droits des personnes handicapées fassent l’objet de réparation et de sanction ;
    • la lettre conjointe des Ministères des Affaires Sociales et de l’Enseignement Secondaire sur l’éducation des personnes handicapées doit tenir lieu d’acte de loi et non plus de circulaire ;
    • les dispositions réglementaires doivent être prises pour faciliter l’accès aux concours pour les personnes handicapées les plus méritants.
    • crée un fonds de solidarité nationale ;
    • revoie à la hausse le montant des subventions allouées aux structures d’accueil des personnes handicapées, compte tenu du coût élevé du matériel de formation adapté ;
    • instaure d’autres avantages financiers pour favoriser la mobilité des personnes handicapées
    • les actions du gouvernement prennent véritablement en compte les droits des personnes handicapées dans la société tel que le mentionne la loi de 1983 selon laquelle en effet, 10% du personnel de l’Etat doit être recruté parmi les personnes handicapées. Ainsi, ils pourront être dans tous les secteurs ;
    • les actions soient prises pour la représentativité des personnes handicapées dans les instances nationales à savoir le parlement, les structures gouvernementales, les sociétés d’Etat etc….

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